mardi 7 juillet 2009

Métropolitain


J’étais lasse et mon corps me semblait lourd, trop lourd à porter. Peut-être l’avais-je trop porté durant cette journée. Mon corps devenait un lest pour lui-même et pour mon esprit. Tout cela me fatiguait terriblement. Je n’avais qu’une envie, qu’on me dépose pile devant la porte de mon appartement et que je puisse en deux pas m’affaler devant le canapé en attendant l’heure du dîner puis du lit.
Mais ça devait être écrit autrement. Mon corps devrait se mettre en mouvement, encore, avant de connaître le répit. Et puis de quoi je me plains ? A mon âge, je ne peux pas être aussi fatiguée.
La voiture prenait inexorablement la route du métro et non celle de mon domicile, mon chauffeur avait décidé que ce soir il n’irait pas jusqu’à la ville Rose pour me déposer. Mais je ne disais rien, je n’allais pas me plaindre et demander un traitement de faveur. Je fus déposée avec un bisou, devant un gros bâtiment pas très joli, plutôt grisâtre, entouré de centaines de voitures que l’épuisement m’empêchait de voir. Toutes bien rangées, bien alignées sans quoi l’ordre ne pourrait être maintenu.

Plus mon sort se scellait, à savoir monter dans ce satané métro, plus j’étais désespérée. Je savais déjà que ma lassitude me priverait de ma lecture qui me fait oublier le trajet et me le rend toujours plus agréable bien que parfois très triste. Et mon livre du moment s’oriente inéluctablement vers une fin tragique, raison de plus pour ne pas l’ouvrir lorsque je me trouve dans cet état.
Je m’enlise dans mon état parce que je sais que le trajet va me paraître interminable. Que vais-je faire pendant ces vingt minutes. Je ne peux m’endormir ou je risque de rater ma destination.

Passé les portiques et alors que je descendais les escaliers une sonnerie retentit, me signalant qu’un métro est sur le point de partir.

Je n’eus que quelques secondes à attendre avant qu’une autre rame ne vienne se mettre en place afin que je puisse m’installer. Puis le métro a sonné et démarré. Et je me suis mise à observer les gens. J’avais oublié combien il peut être intéressant d’observer les gens dans le métro.
Rapidement un petit garçon s’est assis en face de moi. Il tenait consciencieusement la barre métallique le séparant de la vitre avant du métro. Il regardait le tunnel éclairé qui défilait sous nous avec cette attention mêlée d’émerveillement que seuls les enfants arborent.

Il s’était assis bien au fond de son fauteuil et ses pieds se balançaient, flottaient dans les airs. J’avais envie de prendre en photo ses pieds en lévitation, enfermés dans des sandales disgracieuses bien que marquées.
Je me suis retenue de sortir mon appareil photo que pourtant j’avais dans mon sac à dos. L’appareil aurait immortalisé cet instant alors que je préfère garder une impression imprécise et floue des ces moments. Ainsi ses pieds peuvent continuer de flotter dans mon esprit.
Et finalement, le nom de ma station a été prononcé alors que je ne m’y attendais pas. Mais le petit garçon qui affichait un super-héros sur sa tenue était déjà parti, l’instant était fini. Il fallait maintenant rentrer chez soi.

4 commentaires:

  1. Ha tu nous a fait du grand Julie le retour aujourd'hui, je dis oui oui oui!
    Merci pour ce petit moment en suspens dans ma journée de travail :)

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  2. Merci merci !
    Enfin tu y es un peu pour quelque chose puisque je me suis mise à écrire hier soir après avoir lu un de tes textes !

    Et avec plaisir !

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  3. Ooooooh t'es trop mimi poulette ^^
    Que veux-tu, j'inspire les gens c'est plus fort que moi, c'est pas tous les jours facile d'être un modèle pour le commun des mortels :D

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  4. C'est bien, je vois que tu as le compliment modeste ;-)

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